Les blessures Émotionnelles

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Une femmes montrant différents états émotionnels

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Les blessures émotionnelles sont des dommages psychologiques durables résultant d’événements qui dépassent notre capacité à les gérer. Notre cerveau émotionnel enregistre ces événements et les stocke en mémoire, en reliant les perceptions visuelles, auditives, olfactives, tactiles et émotionnelles que nous avons ressenties à ce moment-là. C’est ce qu’on appelle le codage dysfonctionnel de l’information. Ces lésions sont communément appelées traumatismes psychologiques.

Les blessures émotionnelles peuvent être aussi dévastatrices et pénibles que les blessures physiques, mais elles sont souvent minimisées, sans réelle prise de conscience ou compréhension de leurs causes, et ne sont pas traitées de manière adéquate. Ces problèmes comprennent souvent des sentiments tels que la peur, l’anxiété, la dépression, la culpabilité, la honte, le manque de confiance en soi et le syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Souvent, les personnes confrontées à ces problèmes se tournent vers la thérapie par la parole sans obtenir les résultats escomptés.

1. Les causes

La cause la plus fréquente des blessures émotionnelles est le traumatisme de l’enfance. Il peut s’agir d’abus physiques, émotionnels, sexuels ou verbaux, voire de négligences de la part de personnes censées prendre soin d’un enfant. D’autres causes peuvent être des accidents ou d’autres événements traumatisants tels que le divorce, la mort d’un proche, le fait d’être témoin d’actes de violence, etc.

Quelle qu’en soit la cause, les blessures émotionnelles ont des effets graves et durables sur la santé mentale. Elles peuvent entraîner des sentiments de dépression, d’anxiété, de peur et de désespoir qui peuvent se manifester par des symptômes physiques tels que la fatigue, des maux de tête ou des problèmes d’estomac. Elles peuvent également perturber nos relations et notre capacité à fonctionner dans la vie de tous les jours.

2. Les ravages

Les ravages des blessures émotionnelles sont souvent sous-estimés par de nombreuses personnes qui ont du mal à s’en remettre. Elles endurent leur souffrance en prenant des antidépresseurs ou en suivant une thérapie par la parole. Cependant, beaucoup ignorent les thérapies neuro-émotionnelles qui peuvent réellement apporter des changements significatifs. Parmi ces thérapies, l’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) s’est révélée être la plus efficace pour traiter les blessures émotionnelles et les traumatismes.

Une étude menée par Wilson, Becker et Tinker (1995, 1997) a démontré que l’EMDR est tout aussi efficace pour traiter les traumatismes majeurs (traumatismes avec un « T » majuscule) que les traumatismes mineurs (traumatismes avec un « t » minuscule). Aujourd’hui, l’EMDR est largement reconnu comme la thérapie la plus efficace pour traiter les blessures émotionnelles et les traumatismes. Des études ont confirmé que l’EMDR est efficace à la fois pour le syndrome de stress post-traumatique et les traumatismes mineurs.

3. Différence entre les souvenirs traumatiques et les souvenirs ordinaires.

Les souvenirs traumatiques diffèrent des souvenirs ordinaires. Ce sont des résurgences du passé, des reviviscences. L’objectif de l’EMDR est de transformer ces reviviscences en souvenirs classiques, afin qu’ils puissent être enregistrés dans la mémoire autobiographique. Cela permet de les intégrer pleinement, en se disant : « Cela m’est arrivé, c’est mon histoire, mais maintenant c’est du passé et je peux vivre avec ».

Normalement, tout au long de la journée, nous avons des souvenirs communs en notre possession, en fonction de nos besoins et de notre expérience passée. Par exemple, nous nous rappelons comment lire, conduire ou utiliser une machine, le nom des personnes que nous connaissons et les endroits où nous aimons aller. Ces informations sont stockées dans la mémoire et se manifestent lorsque nous en avons besoin, restant en arrière-plan le reste du temps.

Les souvenirs traumatiques sont complètement différents des souvenirs normaux. Il s’agit d’événements du passé qui restent inachevés et qui reviennent à la vie avec un sens frappant de la réalité présente. Il ne s’agit pas simplement de souvenirs archivés, mais de résurgences du passé, de reviviscences qui surgissent lorsqu’un événement les rappelle, donnant l’impression que l’événement passé continue d’exister et se déroule au moment où l’on y pense.

4. L’impact du traumatisme sur le psychisme : avec un grand T, ou un petit t

Les traumatismes résultent d’événements qui ont un impact significatif sur le psychisme. Certains sont extrêmement graves (exposition à une mort imminente, blessures graves, violences sexuelles), tandis que d’autres, bien que ne mettant pas la vie en danger, ont des effets durables (exposition à la violence verbale des parents, violence domestique, abus sexuels familiaux, divorce des parents, punitions sévères, menace de suicide d’un parent).

À l’âge adulte, ces expériences peuvent entraîner une dépression, des symptômes dissociatifs, une dysrégulation émotionnelle, une irritabilité limbique. En effet, Lorsqu’un enfant est victime de mauvais traitements ou d’abus pendant son enfance, cela déclenche une réponse du système limbique en raison du stress et de la peur, ce qui entraîne des perturbations émotionnelles, comportementales, et dans son développement. Le terme « irritation limbique » décrit une stimulation excessive ou prolongée, du système limbique suite à des traumatismes survenus, pendant cette période critique de la vie, et cela entraîne des difficultés émotionnelles et comportementales, à long terme, ainsi que de l’anxiété et de la colère.

Une étude réalisée en 2005 par Moll & al. a révélé que les événements perturbateurs de l’enfance, qui ne répondent pas aux critères diagnostiques de l’état de stress post-traumatique (ESPT), sont en fait plus déstabilisants que l’ESPT identifié. Une autre étude de Felitti & al. en 1998 suggère que les effets néfastes de la succession d’événements négatifs durant l’enfance semblent être cumulatifs : plus l’exposition à la violence domestique, au divorce des parents, aux punitions sévères, aux menaces suicidaires ou à l’enfermement est élevée, plus le risque qu’un enfant issu d’une telle famille subisse des conséquences physiques ou psychologiques, telles que l’abus de substances, la dépression, les maladies cardiovasculaires, le diabète, le cancer et/ou la mort prématurée, est important.

En d’autres termes, les troubles émotionnels et les problèmes de comportement découlent souvent d’événements passés. Bien que ces événements n’aient pas mis la vie en danger, ils ont été extrêmement destructeurs pour les victimes. Cela est vrai tant pour les enfants activement exposés à des événements négatifs, tels que les traumatismes par commission, que pour ceux qui ont subi des traumatismes par omission en raison d’un manque de stimulation, d’imitation, d’engagement ou de conseils appropriés. Une étude réalisée en 2006 par Lyons-Ruth, Dutra, Schuder et Bianchi le montre clairement.

5. Impact des blessures émotionnelles sur la vie quotidienne

Les blessures émotionnelles, également appelées traumatismes, peuvent entraîner diverses conséquences allant de modérées à graves, dont l’impact peut perdurer tout au long de la vie si elles ne sont pas traitées. Par exemple, une personne qui a été victime de violences parentales peut revivre ses peurs passées et éprouver de l’anxiété chaque fois qu’elle se retrouve dans une situation similaire, sans vraiment comprendre pourquoi elle se sent tendue et apeurée, même si tout va bien dans sa vie actuelle. Dans ce cas, cette personne peut ressentir une certaine culpabilité de ne pas pouvoir se sentir bien, malgré les aspects positifs de son existence actuelle.

Le sentiment de « revivre » l’événement peut être léger, un indice le rappelant peut brièvement augmenter l’appréhension ou la tension, ou il peut s’agir d’un « basculement » dissociatif complet. La personne peut se sentir soudainement transportée « au moment du traumatisme », avec l’identité, les émotions, les capacités limitées de résolution de problèmes et la vision du monde d’une personne plus jeune. Souvent, elle perd partiellement, voire totalement, le « sens de la réalité » de ce qu’elle vit actuellement et a l’impression qu’une partie d’elle-même est ici et qu’une autre est restée en bas. Elle est à moitié coincée dans le traumatisme, le revivant de manière stéréotypée.

6. Les éléments déclencheurs

Ce sentiment de revivre le traumatisme est typique des souvenirs traumatiques : lorsqu’un déclencheur rappelle quelque chose de l’événement traumatique, il peut y avoir une intrusion soudaine dans la conscience, des flashbacks visuels, des pensées négatives sur soi-même, des émotions, des sensations corporelles et/ou des comportements qui reproduisent tout ou partie de l’expérience ressentie au moment où le traumatisme a réellement eu lieu. C’est comme si tout recommençait ou venait de se produire, même si les faits remontent parfois à cinquante ans.

À l’époque, il n’y a pas eu de « traitement » ou de résolution adéquate de l’événement, parce qu’il était trop intense, trop horrible, trop menaçant, trop étranger à l’expérience de la personne pour être intégré dans sa conception d’elle-même.

7. Différence entre les traumatismes simples et les traumatismes complexes

De nombreux thérapeutes expérimentés sont profondément impressionnés par la rapidité avec laquelle l’EMDR peut transformer les émotions liées à des souvenirs traumatiques stockés de manière dysfonctionnelle.Cet impact est évident dans les cas de traumatismes simples chez des personnes émotionnellement stables qui ont vécu des événements difficiles.

Les personnes qui ont connu des troubles traumatiques développementaux, avec des enfances marquées par des abus, de la maltraitance, et des traumatismes de toutes sortes, requièrent une approche différente.
Les traumatismes complexes génèrent des troubles de l’attachement et des structures de personnalité dissociatives, caractérisées par des états du moi distincts. De plus, ces personnes érigent des mécanismes de défense rigides, qui génèrent des réactions d’évitement. Les lésions liées à des structures complexes nécessitent une approche faisant appel à des compétences en psychotraumatologie.
Cela inclut l’utilisation de l’EMDR, en combinaison avec les états du moi, la gestion des troubles dissociatifs, la gestion des défenses psychologiques, le renforcement des ressources et la stabilisation. A noter, que le traitement est généralement plus long, et peut parfois durer plusieurs années, en fonction de la gravité des troubles en question.
Pour ces cas spécifiques, une approche personnalisée réalisée avec un thérapeute expérimenté est indispensable. Ce dernier, saura diriger et adapter la thérapie, aux besoins de chaque personne, offrant ainsi une prise en charge adéquate, ce afin d’assurer le succès du processus de traitement et de garantir de bons résultats. Notre article se termine, et nous espérons que cette exploration a éclairé votre compréhension, sur l’impact souvent sous-estimé des blessures émotionnelles, sur notre vie et notre bien-être.

 

Marie-Agnès Thulliez

 


Bibliographie

La boite à outils de l’EMDR de Jim Knipe – Théorie et traitement de l’ESPT complexe et de la dissociation  (pour professionnels)

Guérir le traumatisme et la dissociation par l’EMDR et la thérapie des états du moi

de Carole Forgash et Margaret Copeley (pour professionnels)

Gérer la dissociation d’origine traumatique de Suzette Boon, Kathy Steele, Onno van der Hart.


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Guérir des traumas psychologiques
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