Comprendre les émotions

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Nos émotions passées influencent nos émotions présentes et les façonnent. Elles modulent notre état émotionnel actuel, créant un lien profond entre passé et présent.

 

Comprendre les émotions

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COMPRENDRE LES ÉMOTIONS 

 

I. Fonctionnement – Déclenchement – Régulation

Dans cet article, nous allons explorer les émotions, en examinant leur nature, leur origine et leur impact sur le cerveau et le corps. Nous analyserons également les différents mécanismes par lesquels elles influencent notre quotidien, en utilisant selon les circonstances, une voie rapide ou lente.

Caractère des émotions

Les émotions sont des sentiments profonds qui nous habitent et sont uniques à chaque individu. Elles nous permettent d’exprimer notre joie, notre tristesse, notre colère, notre peur et bien d’autres encore. Elles sont le reflet de notre expérience humaine et nous permettent de naviguer à travers les vicissitudes de la vie. Les émotions sont à la fois complexes et merveilleuses, et leur compréhension et gestion sont des aspects essentiels du bien-être émotionnel.

Elles sont ressenties aussi bien dans notre esprit que dans notre corps, en réponse aux événements, aux pensées et aux souvenirs. Elles englobent des aspects cognitifs, physiques et comportementaux, et sont étroitement liées à notre perception, notre évaluation et notre prise de décision. Les émotions jouent un rôle déterminant en nous alertant, nous guidant et en orientant nos actions et nos interactions, façonnant ainsi notre relation intime avec notre environnement.

Les structures cérébrales et leur localisation : exploration des interactions complexes entre les différentes parties de notre cerveau

Les émotions sont principalement liées à des structures du système limbique telles que l’amygdale, l’hippocampe et le cortex préfrontal. L’amygdale joue un rôle clé dans la détection et la réaction aux stimuli émotionnels, tandis que le cortex préfrontal participe activement à la régulation et à la modulation des réponses émotionnelles. Ces connexions cérébrales nous permettent d’explorer les mystères des émotions ! Le cortex cingulaire et l’insula sont des régions clés du cerveau qui jouent un rôle actif dans la création et l’association des émotions.

Ces régions sont liées à la formation et au maintien de nos liens émotionnels avec les autres, à la perception et à la mise en œuvre des comportements adaptés, ainsi qu’à notre capacité de modifier ou de gérer nos propres émotions. Ces régions contribuent à rendre notre expérience interne plus stable, cohérente et prévisible. Ces régions sont continuellement en interaction les unes avec les autres afin de nous permettre de reconnaître, organiser et exprimer nos différents sentiments émotionnels.

Lorsque nous percevons une situation ou interagissons avec une autre personne, ces régions neurales communiquent entre elles pour vivifier nos sentiments profonds tels que le bonheur, la tristesse ou encore la colère, et contribuer à créer une riche palette d’expériences humaines auxquelles nous pouvons donner un sens personnel.

 

 

Le cerveau gère les émotions à travers deux mécanismes 

Une voie rapide et une voie lente. La première implique le transfert direct des informations sensorielles à travers la rétine ou le thalamus vers l’amygdale, ce qui permet une réaction émotionnelle immédiate et instinctive. Par contre, la seconde implique un traitement plus conscient et détaillé des informations, englobant le cortex préfrontal dans l’évaluation et la modulation des émotions.

Cette séparation entre les voies rapides et lentes nous offre l’opportunité de réagir aux situations de manière appropriée, allant d’une réponse urgente face à un danger à une réflexion plus approfondie et au contrôle des émotions selon le contexte.

Exemples  Lorsque nos vies sont menacées, il y a un mécanisme qui se met en place afin de nous protéger : la peur. Par exemple, si nous tombons face à un animal dangereux sur notre chemin, une réaction instinctive et immédiate se produit et nous indique d’agir pour éviter le danger. Cela s’appelle le mode rapide. Nous pouvons aussi être confrontés à des situations stressantes que nous envisageons à l’avance, par exemple une prise de parole en public ou un entretien d’embauche. Dans ce cas, c’est le mode lent qui prend le relais et qui nous permet de réfléchir aux conséquences et de réguler notre réponse émotionnelle.

Mécanisme des émotions

Le mécanisme des émotions implique une série de processus cognitifs, physiologiques et comportementaux qui contribuent à former nos réactions et interactions avec le monde extérieur.

a) La perception et l’évaluation

Sont des concepts intimement liés qui permettent d’appréhender et d’analyser notre réalité. Ils offrent une vision plus approfondie et nuancée de notre environnement, nous aidant ainsi à mieux le comprendre et à prendre des décisions éclairées. Les réactions émotionnelles sont généralement le résultat de l’interaction entre des facteurs internes et externes.

Nous sommes capables de percevoir ces stimuli et de les évaluer en fonction de leur impact sur notre bien-être ou nos objectifs. Ce processus d’évaluation peut être à la fois conscient ou inconscient, et influe sur l’intensité et la nature des émotions ressenties.

b) L’ activation des structures cérébrales pour une meilleure performance mentale et cognitive :

En fonction de l’évaluation d’une situation, les structures cérébrales impliquées dans la gestion des sentiments vont s’activer. L’amygdale cérébrale, dans le cadre du repérage d’un danger va réagir aux signaux émotionnels, tandis que le cortex préfrontal a vmoduler et contrôler les réactions affectives. D’autres zones du cerveau, telles que le cortex cingulaire et l’insula, contribuent aussi à la composition et à l’intégration des émotions., des structures cérébrales impliquées dans les émotions sont activées.

c) Les réactions physiologiques :

Les émotions sont associées à des changements physiques spécifiques, comme une variabilité dans le rythme cardiaque, la pression artérielle, la respiration, la température corporelle et la tension musculaire. Ces réponses sont contrôlées par le système nerveux autonome, qui comprend les systèmes sympathique et parasympathique.

Les systèmes sympathique et parasympathique ont des effets opposés sur le corps. Le système sympathique entraîne une augmentation de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle et des niveaux d’adrénaline dans le sang, ce qui peut entraîner une forte augmentation de l’activité physique ou mentale. Le système parasympathique, d’autre part, peut réduire ces effets et favoriser le calme et la relaxation. Les émotions déclenchent une combinaison de ces réponses sympathique et parasympathique, ce qui permet à notre corps de réagir aux événements environnementaux. Les effets psychologiques des émotions sont créés par la combinaison d’une activité cérébrale spécifique et de comportements associés.

d) Les expressions émotionnelles :

Sont des formes de communication non verbale qui impliquent des expressions faciales, des postures, des gestes et des changements dans le ton de la voix pour communiquer nos émotions. Ces messages peuvent être déchiffrés par les autres et influencer leurs comportements et réactions à notre égard.

e) Les expériences subjectives :

Les émotions sont aussi identifiables à partir d’une expérience subjective, c’est-à-dire de la manière dont nous interprétons et éprouvons une émotion. Cette perception est influencée par nos idées, nos convictions, nos attentes et notre vécu personnel.

f) La régulation des émotions :

Fait référence à notre capacité à ajuster nos réactions émotionnelles en fonction des circonstances et de nos besoins. Cela englobe différentes stratégies cognitives, comportementales et physiologiques qui nous permettent de gérer, amplifier ou atténuer nos sentiments de manière efficace.

L'impuissance de l'enfant 

Photo: Sentiments de peur et de solitude ressentis par un enfant quand il se fait disputer par ses 2 parents en même temps, le laissant sans aucun soutien affectif.

II. Distinction entre les émotions

Les émotions se classent en deux catégories principales :

1.Les émotions positives

Sont généralement associées à des expériences agréables et enrichissantes, comme la joie, l’amour, la reconnaissance et la satisfaction.

2.Les émotions négatives

Sont liées à des expériences désagréables et perturbantes, telles que la peur, la tristesse, la colère ou la jalousie.

3.Les émotions ont des fonctionnalités qui s’adaptent

Et peuvent jouer des rôles distincts. Les émotions négatives sont généralement associées à la détection et à la réaction face aux menaces et aux défis, contribuant ainsi à l’assurance de la survie et de la sécurité. Tandis que les émotions positives sont liées à l’exploration, à la croissance personnelle et au renforcement des relations sociales, ce qui conduit à notre bien-être et à une plus grande satisfaction personnelle.

4.Les émotions et leurs conséquences physiologiques

Sont intimement liées. Les situations stressantes et angoissantes peuvent engendrer une accélération du rythme cardiaque, une augmentation de la pression sanguine et un resserrement des muscles. Inversement, lorsque les sentiments positifs dominent, le corps se détend et intensifie sa capacité à contrôler son système physiologique.

5.Nos réactions face aux émotions :

Les sentiments et émotions jouent un rôle important dans la façon dont nous réagissons face aux situations que nous rencontrons. Les humeurs négatives peuvent créer un sentiment de malaise qui nous incite à esquiver, éviter ou affronter des menaces perçues, tandis que les émotions positives nous incitent à prendre part, explorer et tisser des relations avec le milieu qui nous entoure et les autres personnes.

6.Nos émotions agissent sur notre santé :

Les recherches en psychologie positive ont révélé que les émotions positives sont bénéfiques pour le bien-être mental et physique, ainsi que pour l’accroissement de la résistance. De manière inverse, des émotions négatives qui s’étendent sur une longue période ou qui sont intenses peuvent avoir des effets nuisibles sur la santé et le bien-être.

Les émotions négatives ne sont pas nécessairement mauvaises et peuvent jouer un rôle important dans notre adaptation et notre survie. La bonne gestion de ces émotions consiste à trouver le bon équilibre entre les émotions positives et négatives afin de  pouvoir les réguler efficacement.

 

III. Mécanismes biologiques dans notre corps lorsque nos émotions atteignent un niveau d’intensité trop élevé ?

Divers changements physiologiques et psychologiques peuvent  se manifester dans notre corps.

Activation du système nerveux central :

Les émotions intenses, spécifiquement les émotions négatives telles que la peur, la colère ou la tristesse, entraînent l’activation du système nerveux sympathique. Cette activation conduit à la sécrétion d’hormones de stress, notamment le cortisol et l’adrénaline, qui préparent l’organisme à faire face à une menace ou à un défi (réponse de lutte, fuite ou figement).

2. Modifications cardiovasculaires :

Les émotions intenses entrainent des modifications cardiovasculaires telles qu’une accélération du pouls et une augmentation de la pression artérielle. Ces réactions induisent une augmentation de l’afflux sanguin vers les muscles et d’autres parties du corps afin de faire face au stress.

3. Crispations musculaires :

les émotions intenses peuvent provoquer une crispation musculaire, en particulier dans les muscles du visage, du cou, des épaules et du dos. Cette contrainte peut entraîner des douleurs, des maux de tête et d’autres conséquences physiques.

4. Impact sur le système digestif :

Les émotions intenses peuvent avoir un impact sur le système digestif et causer des malaises, des douleurs abdominales, de la diarrhée ou de la constipation. Cela est dû à l’activation du système nerveux et aux changements hormonaux qui sont associés à des émotions fortes.

5. Effet négatif sur le système immunitaire :

Les changements émotionnels extrêmes et le stress à long terme peuvent avoir un effet négatif sur le système immunitaire, augmentant la susceptibilité de l’organisme aux maladies et aux infections.

6. Perturbation de notre capacité à penser clairement :

Les émotions intenses sont connues pour avoir un effet sur nos facultés cognitives, telles que la mémoire, l’attention et la prise de décision. Les hormones du stress peuvent modifier le fonctionnement cérébral et les émotions peuvent influencer les processus de raisonnement. Par conséquent, une expérience émotionnelle intense peut perturber notre capacité à penser clairement et à prendre des décisions rationnelles.         

7. Impact négatif sur le sommeil :

Les émotions fortes, telles que l’anxiété et la tristesse, peuvent avoir un impact négatif sur le sommeil. Elles peuvent causer des difficultés à s’endormir, des réveils fréquents ou un sommeil agité, et entraîner  des problèmes de sommeil plus graves et persistants.

 En conclusion :

Comprendre et maîtriser les émotions intenses de façon appropriée peut aider à éviter ou à atténuer leurs effets sur notre corps. Les stratégies de prise en charge des émotions telles que la respiration consciente, la pleine conscience et la restructuration cognitive sont des outils puissants pour y parvenir.

Apprendre à les utiliser peut améliorer non seulement notre état d’esprit, mais aussi la qualité la durée du sommeil  et de la vie en règle générale. Explorer différentes techniques vous permettra de découvrir la méthode qui correspond à vos besoins et vous aidera à trouver l’approche qui vous convient le mieux.

Marie-Agnès Thulliez

             

BIBLIOGRAPHIE

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  • Dans cet article scientifique, Joseph LeDoux explore les circuits neuronaux impliqués dans le traitement et la régulation des émotions.
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Marie-Agnès

Marie-Agnès

Marie-Agnès Thulliez, Docteur en Neurosciences cognitives, Psychotraumatologue,  Praticien certifié EMDR Europe sénior, exerçe en cabinet depuis 2003. Elle est également formateur en stratégie d'apprentissage depuis plus de 20 ans.

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