Causes, types, symptômes et traitements de l’addiction

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I. Qu’est-ce que l’addiction ?

L’addiction est une maladie, caractérisée par une utilisation abusive récurrente d’une substance ou par l’adoption de comportements nuisibles, malgré les conséquences néfastes pour soi-même et autrui. Si vous luttez contre une dépendance, vous êtes probablement lié(e) de manière double, physiquement et psychologiquement, à une substance ou à un comportement. Cela signifie que votre esprit et votre corps sont influencés par la substance ou le comportement addictif pour maintenir leur fonctionnement.

Résumé:

L’addiction est un trouble complexe caractérisé par une utilisation récurrente et abusive d’une substance ou par l’adoption de comportements néfastes, malgré les conséquences préjudiciables pour soi-même et autrui. Cette dépendance peut se manifester à la fois sur un plan physique et psychologique, altérant à la fois l’esprit et le corps.

La toxicomanie se distingue de l’abus de substances, et toutes les dépendances ne sont pas forcément liées à des drogues ou à l’alcool. Les dépendances comportementales, telles que le jeu, le shopping compulsif ou les jeux vidéo, sont également préoccupantes.

Les symptômes de l’addiction incluent des comportements addictifs fréquents ou renforcés, un mépris pour les risques associés à la dépendance, une perte de contrôle sur la consommation de substances ou l’adoption de comportements nocifs, ainsi qu’une augmentation du secret et de l’isolement social.

La dégradation de la condition physique et la détérioration de la santé mentale sont également des conséquences courantes de l’addiction, avec souvent une corrélation entre la dépendance et d’autres troubles de santé mentale.

Malgré une prise de conscience des effets nocifs, il demeure souvent ardu de surmonter une dépendance en solitaire, ce qui requiert une prise en charge avec l’assistance d’un expert qualifié. Les choix de traitement incluent la thérapie individuelle ou de groupe, l’usage de médicaments pour atténuer les envies et les symptômes de sevrage, ainsi que le soutien entre pairs au sein de groupes de thérapie et de parole.

Mots clés: Addiction, Dépendance, Toxicomanie, Abus de substances, Symptômes, Risques, Santé mentale, Traitement, Thérapie, Prévention.

 

II. Différenciation entre Toxicomanie et Abus de substances

Le mot « addiction » est souvent associé à la consommation de drogues et d’alcool, cependant, toxicomanie et dépendance ne sont pas synonymes. Il est possible qu’une personne abuse d’une substance ou adopte un comportement nocif sans pour autant développer une dépendance.
Toutes les dépendances ne concernent pas que les drogues ou l’alcool. Les personnes peuvent aussi être dépendantes de comportements ou d’activités, comme le jeu, le shopping, le sexe ou les jeux vidéo.
La toxicomanie peut conduire à la dépendance, d’où l’importance de la prévention. Il est parfois tentant de sous-estimer son risque de dépendance jusqu’à se retrouver piégé dans l’abus de substances comme les drogues ou l’alcool.

 

III. Les différents types de dépendance

  • a) Les addictions aux substances courantes incluent :

  • Alcool
  • Tabac/nicotine
  • Médicaments sur ordonnance (comme l’Oxycontin, le Xanax, le Valium ou le Ritalin)
  • Marijuana/THC
  • Drogues illicites (comme l’héroïne, la cocaïne ou la méthamphétamine)
  • Aérosols et inhalants (comme les solvants, la peinture en spray ou les gaz hilarants
  • b) Les addictions comportementales courantes comprennent :

  • Jeu
  • Shopping
  • Sexe
  • Jeux vidéo
  • Travailler
  • Troubles du comportement alimentaire (TCA)

 

IV. Symptômes et conséquences de l’addiction

a) Comportements addictifs fréquents ou renforcés

L’utilisation régulière de substances ou de comportements nocifs signale une dépendance émergente. Partager un verre avec des amis ne témoigne pas d’une dépendance, mais une consommation quotidienne ou une incapacité à s’en passer en dehors de chez soi révéle un problème grandissant.
Un autre indicateur potentiel de dépendance est la montée en intensité de vos comportements.
Par exemple, vous pourriez commencer à éprouver le désir de prendre deux boissons chaque soir au lieu d’une seule. Cela signifie que votre résistance physique s’ajuste, vous obligeant à rechercher davantage de substances ou de comportements nuisibles pour retrouver les sensations agréables ou le niveau de détente précédent. Cela indique également que vous développez un attachement psychologique à la substance ou au comportement, et ressentez le besoin de consommer davantage pour simplement fonctionner.

b) Mépris pour les risques

La dépendance comporte des risques évidents, tant pour la personne concernée que pour ses proches. Elle met en péril la santé physique et mentale d’une personne, son emploi, ses finances, ses relations, son logement, sa sécurité et ses droits légaux.
Quelque soit la clarté de ces menaces, les personnes en proie à la dépendance ont souvent tendance à les minimiser ou à les ignorer totalement. Plutôt que d’adopter une approche rationnelle pour se prémunir de ces risques, ils accordent la préférence à leur dépendance.

c) Perte de contrôle

La dépendance pousse à lutter avec une envie apparemment incontrôlable d’utiliser sa substance préférée ou de s’adonner au comportement problématique identifié. Cette perte de contrôle est généralement caractérisée par un comportement irrationnel ou dangereux. Par exemple, les personnes qui souffrent d’alcoolisme, peuvent commencer à boire pendant la journée de travail, même si cela les expose au risque d’être licencié.

d) Secret accru et isolement

Dans de nombreuses communautés, la perception de la dépendance évolue lentement, passant d’un stigmate à une approche davantage axée sur la maladie et la santé publique. Il reste toutefois encore beaucoup à accomplir. De nombreuses personnes ressentent une profonde honte liée à leur dépendance, craignant punition ou incarcération, ce qui les pousse à la dissimulation et à l’isolement.

e) Dégradation de la condition physique

Le corps paye le prix fort de l’addiction. L’alcool et les drogues ont des effets physiques prévisibles, mais même les addictions qui n’impliquent pas d’abus de substances affectent le corps. Beaucoup de personnes, quel que soit leur type d’addiction, souffrent d’insomnie ou de Variations de poids néfastes. Elles peuvent aussi expérimenter des pertes de mémoire.

f) Détérioration de la santé mentale

D’autres troubles s’associent souvent à l’addiction. Environ un tiers des personnes souffrant de dépression clinique rencontrent des difficultés liées à l’alcool, et l’anxiété est fréquente chez les personnes confrontées à des problèmes d’addiction..
La corrélation entre l’addiction et d’autres troubles de santé mentale varie selon les personnes. Par exemple, une personne souffrant d’anxiété peut se tourner vers l’automédication avec des substances addictives, ce qui va la conduire à une dépendance. Une autre personne en proie à la toxicomanie va voir sa peur et son anxiété s’intensifier en tentant de dissimuler sa dépendance.

g) Difficultés à arrêter soi-même

L’incapacité d’arrêter par soi-même est un indicateur majeur d’une dépendance. Malgré la prise de conscience des effets négatifs sur la vie, la sensation d’impuissance persiste. Peu importent les bonnes intentions, les tentatives solitaires d’arrêter se soldent souvent par un échec.

 

V. Processus de sevrage et risque de rechute

L’arrêt de drogues ou d’alcool pour les personnes dépendantes, entraîne des symptômes de sevrage qu’ils soient physiques ou mentaux, et vont varier en fonction du niveau de dépendance. Les signes classiques de sevrage physique incluent :
  • Augmentation de l’irritabilité
  • Manque d’appétit
  • Nausées et/ou vomissements
  • Agitation et anxiété
  • Difficulté à dormir
  • Tremblements/secousses
  • Douleurs musculaires
Certaines formes de dépendance à la drogue et à l’alcool peuvent entraîner des symptômes de sevrage graves, tels que des hallucinations, des convulsions, voire le décès. La recherche d’une assistance professionnelle en matière d’addiction est absolument nécessaire afin de mettre un terme à cette dépendance de manière sûre et efficace.

a)  Qu’est-ce qu’une rechute ?

« Une rechute » se produit lorsqu’une habitude addictive ou la consommation d’une substance reprennent après une longue période d’abstinence (appelée aussi « rémission »). Bien qu’une rechute puisse être décourageante, cela ne signifie pas que la dépendance est insurmontable. En réalité, il est possible que vous ayez simplement besoin d’un traitement approprié pour arrêter définitivement.

 

VI Causes de l’addiction ?

L’addiction ne découle pas d’une cause unique et aucun comportement ne conduit systématiquement à l’addiction. Certains individus peuvent boire de l’alcool, s’adonner aux jeux de hasard ou aux jeux vidéo sans développer de dépendance. En revanche, pour d’autres, l’abus répété d’une substance ou d’un comportement peut mener à une dépendance. Il est aussi possible que certains perdent instantanément tout contrôle dès leur première interaction avec une substance addictive ou un comportement compulsif.

Les éléments susceptibles d’accroître le risque de développer une dépendance sont les suivants:
  • Génétique : Si un membre de votre famille a lutté contre une dépendance, il est possible que vous soyez plus vulnérable. Votre propre dépendance peut concerner la même substance ou comportement que celui de votre proche, ou bien être tout à fait différente.
  • Faire usage de la substance : Il est impossible de devenir dépendant d’une substance ou d’un comportement que l’on n’a jamais expérimenté. L’expérimentation avec des substances ou des comportements addictifs accroît les risques associés.
  • Phénomène de normalisation: Votre famille, vos amis, ou votre culture peuvent rendre banales certaines dépendances à travers des traditions en apparence inoffensives ou des formes de pression sociale plus évidentes. Par exemple, si vous avez grandi en observant vos parents boire quelques verres pendant le dîner, adopter un comportement similaire à l’âge adulte vous semblera naturel. Les étudiants, quant à eux, peuvent subir l’influence d’une culture de consommation d’alcool sur les campus, où leurs pairs les incitent directement à une consommation excessive d’alcool.
  • Traumatisme : Les personnes victimes de traumatismes ont souvent une propension à utiliser des substances ou à adopter des comportements addictifs pour faire face aux séquelles physiques et psychologiques des traumatismes, particulièrement en l’absence d’un accompagnement professionnel.

 

VII. Options de traitement ?

L’addiction est traitable, le soutien et l’aide est accessible. Si vous traversez des difficultés et souhaitez réellement vous en sortir, l’espoir demeure.
Chacun est unique, donc le plan de traitement doit être personnalisé selon les besoins et défis spécifiques. En règle générale, la plupart des médecins et des professionnels de l’addiction suggèrent une combinaison de traitements parmi les suivants :
  • Thérapie : De nombreux thérapeutes se spécialisent dans l’accompagnement des personnes en lutte contre l’addiction. En plus de traiter la dépendance, la thérapie professionnelle aborde les troubles de santé mentale sous-jacents tels que l’anxiété, la dépression ou le trouble de stress post-traumatique (TSPT).
  • Les médicaments jouent un rôle essentiel dans le traitement des addictions aux drogues. Certains peuvent réduire les envies et les symptômes de sevrage, ce qui facilite l’arrêt. D’autres agissent comme des dissuasifs en déclenchant des réactions indésirables lors de la consommation de la substance addictive.
  • Thérapie de groupe/soutien: Il est souvent très utile de discuter avec d’autres personnes qui luttent contre l’addiction ou qui ont déjà surmonté ce problème. Votre thérapeute peut recommander un groupe de soutien comme les Alcooliques Anonymes (AA) en plus de vos séances de thérapie individuelle.

 

VIII. Conclusion

En conclusion, cet article met en lumière la complexité de l’addiction, tout en soulignant l’espoir et les options de traitement accessibles pour ceux qui cherchent à surmonter cette maladie.

 

Marie-Agnès Thulliez

 


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Marie-Agnès

Marie-Agnès

Marie-Agnès Thulliez, Docteur en Neurosciences cognitives, Psychotraumatologue,  Praticien certifié EMDR Europe sénior, exerçe en cabinet depuis 2003. Elle est également formateur en stratégie d'apprentissage depuis plus de 20 ans.

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